S. f. (Métaphysique) terme dont on s'est servi pour rendre raison du commerce entre l'âme et le corps, et qui fait la première des trois hypothèses reçues sur cette matière. Voyez l'examen des deux autres dans les articles CAUSES OCCASIONNELLES, et HARMONIE PREETABLIE. On y prétend que l'âme agit physiquement sur le corps, et le corps sur l'âme, par une action réelle et une véritable influence. C'est le système le plus ancien et le plus gouté du vulgaire ; cependant il ne réveille absolument aucune idée : il ne présente à l'esprit qu'une qualité occulte : voici les principales raisons qui empêchent de l'admettre. 1°. On ne fera jamais comprendre, même à ceux qui admettent l'action d'une substance créée sur l'autre, que deux substances aussi différentes que l'âme et le corps, puissent avoir une communication réelle et physique, et surtout que le corps puisse agir sur l'âme et l'affecter par son action. Supposer dans l'âme et dans le corps un pouvoir à nous inconnu d'agir l'un sur l'autre, c'est ne rien expliquer ; on ne peut soutenir ce système avec quelqu'apparence, qu'en avouant que l'âme est matérielle, aveu auquel on ne se laissera pas aisément aller crainte des conséquences. 2°. On a aujourd'hui une démonstration contre ce système ; car M. de Leibnitz et d'autres grands hommes ont découvert plusieurs lois de la nature qui y sont entièrement contraires, et que les plus grands mathématiciens ont cependant reconnues pour certaines ; telles sont celles-ci. 1°. Qu'il n'y a point d'action dans les corps sans réaction, et que la réaction est toujours égale à l'action ; or, dans l'action du corps sur l'âme, il ne saurait y avoir de réaction, l'âme n'étant pas matérielle. 2°. Que dans tout l'univers il se conserve toujours la même quantité de forces vives, ou de la force absolue. 3°. Qu'il s'y conserve aussi la même quantité de force directive, ou la même direction dans tous les corps ensemble, qu'on suppose agir entr'eux de quelque manière qu'ils se choquent. Or il est aisé de voir que la seconde loi ne saurait subsister, si l'âme peut donner du mouvement au corps, car en ce cas elle augmentera la quantité des forces vives, ou de la force absolue ; et la troisième ne sera pas moins renversée, si l'âme a le pouvoir de changer la direction de son corps, et par son moyen celle des autres. Voyez
Vattel,
Défense du syst. Leibn. 894. 134. Les Cartésiens ont déjà senti ces difficultés qui leur ont fait rejeter l'influence physique, quoiqu'ils se soient trompés en disant qu'il se conserve toujours la même quantité de mouvement.
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